Mon histoire de Q avec les participants à un MOOC
Oubliez les débats sur le modèle économique des MOOCs ou leur impact pédagogique… La vraie question est la suivante : quel nom donner aux participants à un MOOC ? Plus problématique encore : comment l’écrire ?
Lorsqu’on accompagne l’équipe d’animation d’un MOOC, on a beau résoudre brillamment (du moins en apparence) la plupart des difficultés qui se présentent, il est toujours une question sur laquelle on finit par buter :
— Mais alors, vous les appelez comment les participants à un MOOC ?
— Ben… il n’y a pas vraiment de terme officiel. En général, on parle de [mukœʁ] et pour les filles, de [mukœz] !
— Mouais, mais vous l’écrivez comment quand vous ne faites pas le malin avec votre transcription phonétique ?
— Très bonne question Svetlana… En fait… heu… c’est à dire… Quelqu’un veut un café ?
S’il semble naturel de parler de cégétistes, si les érémistes ont leur place dans le Larousse, ce fichu son [k] de fin de MOOC et ses nombreuses graphies me plongent régulièrement dans des abîmes de perplexité.
Le premier réflexe serait d’écrire « mooqueur ». C’est bien « mooqueur », ça vous a un petit côté franchouillard rassurant (le « merle mooqueur » n’est pas loin) qui en ferait presque oublier l’origine anglophone de l’acronyme. Le verbe du premier groupe vient tout seul : je mooque, tu mooques, mooquâtes-vous l’année dernière ?, etc.
Mais quand même. Ce « qu » fait disparaître le « C » de MOOC, celui de « course ». Et un MOOC, c’est d’abord un cours, fut-il ouvert, en ligne et massif. Difficile pour un pédagogue de passer à la trappe un élément aussi fondamental.
Autre solution : écrire « MOOCeur », « MOOCeuse ». Le maintien de l’acronyme en majuscule permet d’excuser l’irrégularité orthographique, de la même façon que l’on écrit des « DVDs », par exemple. Cependant, ainsi en va-t-il de notre cerveau : même en jouant sur la typographie, « c » et « e » ça fait [sø] ; le rassemblement massif de « mousseurs » et de « mousseuses » a tôt fait de nous entraîner vers un imaginaire peu propice à l’étude…
On peut également envisager d’écrire « Moockeur », façon rock star du MOOC, ou bien « Moo❤ » (dans la lignée du célèbre « I ❤ NY ») pour tous ceux qui se sentent in the Mooc for Love. On peut même adopter « clomeur » pour rester 100% francophone (mais si, vous savez, un MOOC se dit CLOM en français). Cela étant, du « clomeur » au « chômeur », il n’y a qu’une enjambée, pas forcément réjouissante…
Et les « Mooquistas », me direz-vous, véritables fashionistas de l’apprentissage, toujours à la recherche du dernier It-MOOC ? Et les « Mooquettes », qui sont au MOOC ce que les Claudettes étaient à Claude François, et que tout bon ingénieur pédagogique a peur de raser avec des activités ennuyeuses (ou de fumer dans une recherche désespérée d’inspiration) ? Tout cela est bel et bon, mais ne fonctionne que pour la gent féminine. Parlez de « Mooquistos » — ou pire, de « Mooquets » — et c’est la garantie de voir votre MOOC déserté par la moitié masculine de votre communauté.
Aucune de ces options ne semble entièrement satisfaisante. Je fais donc appel à vous, artisans des MOOC, serial Mooc-qu-k-❤ -eurs ou linguistes avertis. Quelle forme a votre préférence ou vous horripile particulièrement ? Laquelle voyez-vous le plus régulièrement utilisée ? On attend votre avis sur Twitter, Linkedin ou ailleurs…
Articles récents
- Ludimoodle + : la ludification adaptative pour améliorer la motivation et les performances des apprenants
- Ingénieur pédagogique : indispensable !
- « Bons à savoir », la capsule e-learning dédiée aux institutions culturelles
- Du MOOC à la médiation culturelle
- Aborder un sujet d’intérêt général dans un MOOC : « Usage des drogues et réduction des risques »
6 Commentaires. En écrire un nouveau
[…] La vraie question est la suivante : quel nom donner aux participants d’un MOOC ? Et plus problématique encore : comment l’écrire ? […]
Pourquoi ne pas dire simplement stagiaire mocc
Efficace, clair et sans ambiguïté
« Stagiaire » fonctionne pour des MOOC d’entreprise, mais peut-on parler de stagiaires pour des MOOC universitaires ou culturels comme ceux sur Picasso ou Versailles ?
Dans la mesure ou le MOOC est un cour en ligne, le terme d’étudiant ne me dérange pas du tout, bien au contraire
Moquiste me parait etre le terme le plus approprié
[…] Mon histoire de Q avec les participants à un Mooc […]