Les 4 piliers de l’autonomie dans le travail

Approche par compétences et transmission des savoirs

En enseignement et formation, « l’approche par compétences » s’oppose à la « transmission des savoirs ». Elle vise un apprentissage plus concret et durable, mettant en oeuvre des savoirs, des savoir-faire et du savoir-être, de manière à augmenter l’autonomie de la personne devant la tâche à réaliser.
Le Québécois Henri Boudreault est souvent cité comme un auteur de référence en matière d’approche par compétences en formation professionnelle. C’est l’un de mes auteurs de chevet si je puis dire, qui m’a inspirée toutes les années pendant lesquelles j’ai exercé en formation pro et m’a considérablement aidée à construire des séquences de formation pertinentes et aussi efficaces que possible.
Les travaux de Boudreault ont donc constitué pour moi (et pour beaucoup d’autres), un ensemble d’outils et de documents essentiels qui sont venues enrichir ma compétence en formation d’adultes, modifier mon sens du travail bien fait, et qui ont enfin complété les apports de mon réseau personnel de collègues, que je n’hésite pas à solliciter pour partager mes expériences, acquérir de nouveaux « trucs et astuces » et à qui j’espère donner  autant que je prends.

Les 4 piliers de l’autonomie au travail

Ressources, Compétence, Sens du travail bien fait, Réseau personnel : voici les quatre piliers de l’autonomie dans le travail. Lors d’entretiens poussés menés avec des responsables techniques du secteur des télécoms, dans le cadre de la préparation à la mise en place d’un dispositif facilitant la transmission et le partage des habiletés professionnelles, il y avait consensus sur ce constat.



Toute initiative visant à augmenter / renforcer l’autonomie du travailleur dans ses activités doit donc commencer par une analyse de l’existant dans les quatre domaines, avant d’identifier les différents moyens d’améliorer celui ou ceux qui semblent défaillants. Car bien entendu, ces quatre éléments relèvent de la construction dynamique bien plus que statique : par exemple, on ne convoque pas un réseau personnel, on le construit au fil du temps. Et il ne suffit pas d’être plongé dans un « réseau virtuel » de collègues par le biais d’un Intranet pour qu’apparaisse, comme par magie, un réseau personnel dont chaque élément fera sens.

Les 4 piliers de l'autonomie au travail

Quatre dynamiques sont à l’oeuvre pour renforcer les piliers de l’autonomie professionnelle :

  • La dynamique de l’expérience, qui permet de développer à la fois son sens du travail bien fait et ses compétences;
  • La dynamique de formation, qui améliore bien sûr les compétences et facilite la construction d’un environnement technique et documentaire riche;
  • La dynamique de maîtrise des ressources, qu’il s’agisse des ressources documentaire et d’instrumentation citée plus haut, ou des ressources humaines au travers de la constitution d’un réseau personnel de collègues que l’on pourra mobiliser rapidement au gré des besoins d’information et de savoir-faire;
  • Et enfin, la dynamique de l’attachement, celle des affects et des valeurs, sur laquelle croissent le sentiment du travail bien fait et l’estime que l’on a pour des collègues dont on apprécie l’expertise autant que la compagnie.


Comme le dit Henri Boudreault, « J’ai souvent constaté qu’avoir des compétences n’était pas suffisant pour être compétent« . S’acharner sur la montée en compétence de ses collaborateurs produira peu d’effets si ces derniers n’ont, par exemple, pas d’accès simple à de la documentation pertinente, voient leur réseau personnel s’effriter sous l’effet d’un turn over trop rapide et des départs à la retraite massifs, et s’ils ne parviennent plus à développer leur sens du travail bien fait à cause de normes qualité qui changent constamment et de l’absence de valorisation de leurs meilleures réalisations.
L’autonomie est donc une question d’équilibre et de mutualisation entre ces quatre éléments. Et ce qui vaut pour le travail vaut aussi pour le reste de la vie : notre épanouissement à tous passe par le sentiment d’être légitime et compétent dans ce que l’on fait (compétence), l’évolution dans un environnement riche qui stimule nos capacités (outils et documents), l’entretien de l’estime de soi au travers d’actes dont nous n’avons pas à rougir (sens du travail bien fait) et enfin la reconnaissance du besoin que nous avons de nos semblables (ceux qui se trouvent et se choisissent), qui nous permet d’assumer notre vulnérabilité et nos limites  comme la meilleure part de notre humanité.
Le blog d’Henri Boudreault : http://didapro.me/
Tableau : Charles F. Quest, The Builders, 1934. Smithsonian American Art Museum, Flickr, licence CC

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