Animation des cours en ligne : attention à la surqualité

On ne fait pas 500 km pour acheter une baguette… même si c’est là que se trouve le champion du monde de la baguette. Car il est nécessaire d’adapter le niveau de son effort à l’objectif à atteindre. Et il en est de l’animation d’un cours en ligne comme de la boulangerie.

Quelles ressources devez-vous consacrer à l’animation d’un cours en ligne ? A quelle fréquence l’animateur doit-il se rendre sur les forums ? Doit-il faire des recherches de ressources complémentaires, répondre individuellement à des demandes spécifiques ? Difficile en la matière de donner une réponse tranchée. Tout dépend de l’investissement que vous êtes prêt à y consacrer, et surtout des résultats que vous souhaitez atteindre, à plusieurs niveaux : en termes d’image, de satisfaction client, de certification… Car la qualité de l’animation joue bien sûr un rôle important dans ces différents domaines.

Le plaisir de faire plaisir

Mais il est une dimension de l’animation qui est plus difficilement mesurable ou même avouable, qui génère des dérives significatives : c’est le plaisir de faire plaisir qui saisit l’animateur lorsqu’il félicite un participant, valorise sa production, lui fournit l’information qu’il demandait. Ce plaisir est décuplé par les remerciements. Et il est addictif : qui n’a pas envie, besoin, d’être reconnu pour ses petits gestes et grandes actions ? Qui ne chercherait à retrouver souvent cette sensation agréable ? Plusieurs fois par jour ? En continu ? …

Pour ressentir ce plaisir-là, certains animateurs passent 2, 5 ou 10 fois plus de temps que prévu sur les espaces d’interaction des cours en ligne. L’expérience est particulièrement valorisante dans les MOOC, où des centaines, des milliers de participants attendent un peu de chaleur humaine dans les forums… Devant leur supérieur hiérarchique, les animateurs arguent du fait que « les gens sont là », « ils attendent une réponse », « ils disent des choses passionnantes ». Tout ceci est vrai. Doit-on pour autant y consacrer ses jours et ses nuits ?

Sans doute pas. Pour plusieurs raisons :

  • Les MOOC et autres cours appuyés sur le social learning privilégient la dynamique créée par les participants et l’autonomie de ces derniers; un animateur trop présent risque de fausser les interactions et de créer de la dépendance. Le phénomène vaut pour toutes les relations d’apprentissage et d’accompagnement.
  • Le métier de l’animateur ne s’arrête pas à l’entretien de la convivialité. Il doit aussi être capable de réaliser des tâches peut-être moins rapidement satisfaisantes, mais plus utiles à long terme.
  • Le coût élevé d’une animation en continu est peut-être envisageable une fois, mais certainement pas sur une collection de cours, ou sur un cours renouvelé plusieurs fois. De la même façon, les bénévoles qui assurent l’animation en continu le feront peut-être une fois, mais vous aurez du mal à remobiliser gratuitement une équipe lors d’une nouvelle distribution.

Il est donc indispensable de modérer son appétit d’animation… Savoir quoi donner, quand, et dans quel but.

L’animation, clé du social learning

Car, reconnaissons-le, pour un cours trop fortement animé, on en trouve 10 qui ne le sont pas suffisamment, voire pas du tout. Exit le social learning, la collaboration, le connectivisme ! Vive le descendant, l’individualisme !

Pourquoi pas, après tout ? Il s’agit seulement d’être bien conscient de ce que l’on fait. N’espérez pas, avec des cours sans animation, favoriser l’émergence d’une communauté ou même fidéliser les apprenants.

A l’inverse, si vous souhaitez expérimenter le social learning, vous devrez animer pour stimuler la participation d’une part, valoriser les productions d’autre part. Une à quatre heures d’animation quotidienne, pour un cours rassemblant 2 à 10 000 participants, devrait suffire pour la première partie de la mission. Pour valoriser les productions, comptez environ 4 heures par semaine. Bien entendu, ce temps de travail peut être réparti entre plusieurs personnes. Il est même conseillé de le faire, pour diversifier les compétences et champs d’expertise.

Sur ce volume horaire, n’espérez pas tout voir, tout valoriser, accompagner tout le monde. Mais ce n’est pas ce que l’on vous demande, ni ce dont les participants ont besoin. Vous croiser de temps en temps, recevoir un mot d’encouragement de votre part, découvrir ce qu’ont fait leurs pairs sans se coltiner des pages et des pages de résultats : voilà ce qu’ils attendent de vous.

Animer, c’est valoriser

Frise des espèces disparues, réalisée grâce aux apports des participants du MOOC Origines de l’Homme. Extrait.

Avant de partir, jetez un coup d’oeil sur les différentes créations valorisant les productions des participants au MOOC Origines de l’Homme (MNHN / Musée de l’Homme – Orange). Elles ont été réalisées par 3 animateurs différents, dans le cadre horaire évoqué plus haut :

Ces objets mettent en évidence le rôle majeur de l’animateur. Celui-ci rend visible et met en forme l’impressionnante production des participants. L’animateur comme révélateur, en somme. Tout un programme !

Si vous aussi souhaitez devenir un pro de l’animation des MOOC et autres cours en ligne, vous serez sans doute intéressés par nos formations « Animer un MOOC/COOC » (1 j.) et « Animer une communauté d’apprenants en ligne » (3 j.). Les informations se trouvent ici.

Vous pouvez vous inscrire au MOOC Origines de l’Homme jusqu’au 29 janvier. Vous pourrez ensuite consulter les contenus pendant un an !

Illustration : James Stencilowski, Flickr, licence CC.

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