MOOC et Cie assiste cette année à la conférence Online Educa Berlin (oeb2015), l’événement annuel le plus important d’Europe consacré à l’eLearning et aux nouvelles modalités d’apprentissage.
Il y a de l’impatience dans l’air. Les milliers de congressistes se pressent dans les allées, les plénières, les ateliers. Partout, on entend le même discours : ça suffit, il faut y aller. Nous avons assez entendu parler de ‘social learning’, d’innovation ‘disruptive’, d’éducation qui ‘change the world’ : maintenant, passons aux actes. Et là, tout circule : les savoirs se construisent dans la foule, à condition que celle-ci ait la latitude de le faire; les comportements et interactions se forgent dans les mondes virtuels (capital social numérique, aussi valable que celui que nous construisons en présence) avant de s’ancrer dans la réalité physique; les MOOC rentrent dans les écoles…
Trois conférences frappantes aujourd’hui.
Créativité
En ouverture, l’allocution de David Price sur les voies de la créativité :
- « Les gens sont intéressés par ce que vous savez faire, pas par la manière dont vous l’avez appris »;
- « Faire plus avec ce que l’on a déjà »;
- Les 6 caractéristiques du social learning : autonomie, immédiateté, collégialité, jeu, générosité, haute visibilité. Pour une analyse détaillée de cette intervention, voyez le billet d’Ignatia de Waard qui, par ailleurs, mobilise son énergie légendaire pour faire entrer les MOOCs dans les écoles.
Big Data
Puis l’intervention de Cory Doctorow, auteur de science-fiction et hacker / hacoeur, qui pulvérise tout le discours vertueux autour du big data :
- « Nous n’avons même pas le droit d’utiliser les données que nous fournissons à ceux qui nous ont vendu les appareils »;
- « Si vous cachez vos données et vos secrets de fabrication, personne ne pourra vous alerter sur vos erreurs et ça risque de vous faire mourir, comme les alchimistes au Moyen-Age ! » ;
- « Les technologies de surveillance sont de moins en moins chères alors, tout le monde fait de la surveillance. Ca coûte en effet beaucoup moins cher que des programmes sociaux ou l’amélioration de la santé ».
Agilité
Et enfin, l’allocution de Stephen Downes, sur la méthode agile appliquée à l’ingénierie pédagogique. Stephen, toujours droit dans ses bottes, sans aucune concession qui, dès la première phrase, remet les choses en place :
- « Ne parlez pas de méthode agile pour l’ingénierie de l’apprentissage, mais d’ingénierie pour un apprentissage agile ».
- Et la suite est du même tonneau : « La méthode agile ne plaît pas car si l’on construit selon ce principe, on ne sait plus qui est l’auteur du produit »;
- le meilleur pour la fin : « Il est impossible d’adopter une méthode agile dans un environnement où la norme du succès est pré-déterminée ».
Alors oui, bougeons, nous ne sommes pas seuls à le vouloir.
Demain, nous parlerons notamment de la pédagogie post-Mooc. Courez, camarades…