Nous vous avons présenté Banana Learning, solution technique dédiée à la création d’applis mobiles de formation. Voici aujourd’hui la première des applis créées, Hip-Hop dans ta poche.
Apprendre en faisant
Lorsque l’idée nous est venue de développer une solution mobile, nous avons évidemment souhaité réaliser un cours de démonstration (proof of concept). Il fallait ici utiliser, montrer et tester les fonctionnalités d’une l’appli créée avec Banana Learning. Et très vite, nous avons pensé à une appli dédiée à l’apprentissage de techniques mettant en jeu le corps.
Ceci, pour plusieurs raisons :
- Les cours en ligne touchent essentiellement des domaines intellectuels et abstraits, y compris dans les formations professionnelles. On y acquiert plus volontiers des techniques de management que des savoir-faire en mécanique ou en boulangerie. Ceci, parce qu’il est plus facile de dire que de faire, de délivrer des conseils que de montrer par l’exemple. Les cours en ligne pratiques qui ont trouvé leur large public restent l’exception. Parmi ceux-ci, impossible de ne pas citer le MOOC Cuisine de l’AFPA, qui connaît un immense succès. Mais il reste une exception…Nous avions envie de changer de perspective.
- Les smartphones et tablettes disposent de très nombreux outils qui permettent d’apporter la preuve de ce que l’on fait/voit/constate, en environnement réel et quasiment sans délai. Rapportés au domaine de la formation, ces outils favorisent l’apprentissage situé. Les outils d’interaction quant à eux facilitent l’apprentissage par les pairs et les feedbacks rapides de la part des éducateurs.
- La formation continue d’aller aux formés. Autrement dit, si vous êtes à l’aise avec le raisonnement et les techniques académiques, vous irez facilement vers un cours en ligne « classique ». Si vous ne l’êtes pas, vous risquez de rester sur votre faim. Personne ne sait rien, tout le monde apprend, mais pas tous de la même façon… La promotion de nouveaux canaux et scénarios d’apprentissage est indispensable pour que la formation de tous tout au long de la vie ne reste pas un vœu pieux. En plus, c’est passionnant !
Le paradoxe de la culture hip-hop
Tout ça nous a conduit à chercher un partenaire travaillant dans le milieu du sport, du cirque ou de la danse. Et nous avons rencontré Mourad Merzouki.
Mourad est le fondateur de la compagnie Käfig et le conseiller artistique de Pôle en Scènes, la structure qui abrite Pôle Pik à Bron. Pôle Pik est un centre de formation au Hip-Hop qui propose des cours, des Masterclasses, des résidences pour les jeunes compagnies.
Mourad a accueilli favorablement notre proposition de partenariat autour d’une appli de perfectionnement en break dance. En effet, il existe des enjeux forts dans la reconnaissance de la culture et de la technicité du hip-hop. Car la situation est paradoxale : d’un côté, le hip-hop souffre encore de représentations dévalorisantes (pratique de pied d’immeuble et de racailles…). De l’autre, le hip-hop remplit les salles, y compris dans des lieux prestigieux fréquentés par des spectateurs qui ont largement dépassé l’âge de s’exercer au head spin !
Mais il n’existe pas de DNSP (diplôme national supérieur de danseur) en hip-hop, comme il en existe pour la danse classique, moderne ou jazz. Les danseurs intégrés à des compagnies hip-hop sont donc discriminés vis-à-vis de leurs collègues d’autres disciplines. Comme s’ils ne méritaient pas de voir leur pratique reconnue.
Une appli préparée par des spécialistes
Et pourtant ! Pour préparer l’appli, nous avons travaillé avec des personnes qui portent très haut l’exigence de qualité de la pratique de la break :
Sofiane Kinzi, dit Bboy Soso, en premier lieu. Vainqueur de nombreuses battles, il mène en parallèle une carrière de danseur, notamment avec la compagnie Kafig. C’est lui qui apparaît dans les tutos vidéos. Tous ses mouvements sont parfaits. Du grand art ! Sofiane consacre un temps significatif à la formation des jeunes et a immédiatement embarqué dans le projet.
Kader Belmoktar assiste Mourad Merzouki dans ses chorégraphies. Il connaît parfaitement les danseurs, leur envie d’aller plus vite, plus fort… et les risques de blessures graves. Grâce à lui, nous avons identifié le ton et le niveau du cours.
Violette Bruyneel, kinésithérapeute et docteur en sciences du mouvement humain, travaille régulièrement avec les danseurs de différentes compagnies. Elle est spécialiste de l’analyse du mouvement dans le monde du hip hop. C’est elle qui a écrit les textes des tutos vidéos. Si vous croyez encore que les figures de break sont « simples », écoutez-la…
Mohamed Athamna, réalisateur, est un spécialiste de la captation de spectacles. Il a réalisé les tutoriels vidéos de l’appli. Les vidéos sont à la fois belles, dépouillées et parfaitement pédagogiques, grâce à l’usage du ralenti, les différents angles de vue et les incrustations sur l’image.
Mourad Merzouki lui-même, enfin. L’un des premiers en France, il a utilisé les mouvements de hip-hop dans la chorégraphie artistique. Il utilise tous les moyens à sa disposition pour favoriser le partage de la culture hip-hop, et pour conserver les traces de ses expressions. Car le hip-hop n’est pas un feu de paille. Depuis une quarantaine d’années (et même bien plus longtemps…), il s’est diffusé sur tous les continents et s’est structuré en pratique artistique. Mourad mène ce combat-là, celui de la reconnaissance d’une culture.
Le scénario pédagogique du cours est né de la rencontre avec ces artistes et experts. Nos deux équipes ont ensuite porté le projet jusqu’à son terme, et l’appli est sortie au début du mois d’octobre dernier, sous le nom de Hip-Hop dans ta poche.
Ambiance festival…
Nous avons pu profiter de circonstances exceptionnelles pour son lancement. Pôle en Scènes organise en effet chaque année le festival Karavel, qui propose des dizaines de spectacles de hip-hop dans l’agglomération lyonnaise. L’appli a été présentée au public lors de la soirée d’ouverture de Karavel, en plein air, dans une ambiance de block party à la fois festive et familiale.
Un mois plus tard, nous avons remis ça à l’occasion de la soirée d’ouverture du festival Kalypso, cette fois en Île-de-France.
Et maintenant ?
Soucieux de documenter l’ensemble du cycle de vie de l’appli, nous avons lancé une enquête auprès de ses premiers usagers, breakers amateurs (mais non débutants) et enseignants de danse. Les résultats en seront partagés au début de l’année 2018.
Une deuxième appli sortira dans quelques semaines. Vous en saurez plus dans le prochain article, mais dès à présent disons que ce nouveau projet est bien différent, dans ses contenus, du premier, ce qui nous permet de tester de nouveaux scénarios pédagogiques et d’éprouver la plasticité de Banana Learning. Les développements vont bon train et nous les testerons dans les nouveaux projets qui arrivent avec l’année 2018.
Et après ?
Nous souhaitons bien entendu proposer Banana Learning aux centres de formation professionnelle, et surtout à ceux qui accompagnent les personnes se destinant à des métiers dans lesquels la maîtrise du geste revêt une importance capitale.
Les établissements culturels et patrimoniaux souhaitent élargir leurs publics. Nous avons acquis une expérience significative, au travers des MOOCs Culture, dans la création d’activités permettant de dialoguer avec les œuvres, les courants artistiques, les techniques… L’utilisation des outils du smartphone ouvre ici des perspectives très stimulantes.
Bref, l’exploration continue. Si vous souhaitez explorer avec nous, n’hésitez pas à nous contacter depuis le site de Banana Learning !
Vous aussi, mettez le hip-hop dans votre poche !