En quelques années à peine,  les quiz se sont imposés comme une composante incontournable des MOOC. Véritable marque de fabrique de ce dispositif de formation, au même titre que la diffusion des contenus sous forme de vidéos, les questions à choix multiples (QCM) et leurs variations présentent pourtant de sérieuses limites d’un point de vue pédagogique.

Alors, faut-il brûler les quiz et leurs adorateurs sur la place publique ou un autre monde quiz est-il possible ?

Le monde des mooqueurs se divise en deux catégories : ceux qui sont allergiques à toute forme de quiz.

Quiz hater
Quand j’entends le mot « Quiz », je sors mon fusil

et ceux qui ne jurent que par ces tests au doux parfum d’examen scolaire.

Quiz lover
Mooqueurs ayant obtenu 20/20 à leur premier quiz

Mais qu’on les aime ou qu’on les déteste, il est aujourd’hui quasiment impossible de suivre un MOOC  sans passer par ce rituel du quiz auto-correctif. Pourquoi un tel succès ?

Simple comme un quiz

D’apparence faciles à réaliser, corrigés automatiquement (et donc supportant aisément le passage à grande échelle),  les quiz offrent une solution technique simple pour valider la participation d’un grand nombre de participants à un MOOC.

Ils produisent également des données chiffrées (nombre de participants ayant passé le quiz, résultats moyens, taux de réussite…) qui se prêtent à l’analyse statistique et donnent la possibilité (l’illusion ?) de mesurer les apprentissages des participants. Ma formation a-t-elle marché ? Mais oui monsieur le directeur, regardez, les taux de réussite des quiz le prouvent… Quant à dire précisément quels apprentissages sont mesurés par les quiz d’un MOOC, c’est une autre paire de manche.

Objectifs, sans ambiguïté, les quiz offrent une image rassurante de la connaissance (stable, universelle, monolithique) et de ses modalités d’évaluation. La machine est un inlassable correcteur, dépourvue de subjectivité et de tous ces affects qui biaisent l’évaluation humaine

Côté apprenant, on retrouve chez ceux qui n’ont pas fui à la simple vue d’une question à choix multiple le plaisir régressif de se retrouver sur les bancs de l’école, la satisfaction de la performance mesurable et du bon point donné par la maîtresse (ou dans le cas du MOOC, du badge donné par le deus in machina), mais aussi l’excitation de la compétition, du tableau des scores qui permet de comparer ses résultats avec les autres. Après tout, les mooqueurs sont des gamers comme les autres…

Les quiz, cache-misère pédagogiques ?

Et pourtant, on n’apprend pas en cochant des cases.

Proposer des quiz (et des vidéos) comme unique mode d’acquisition et de validation des connaissances, c’est revenir à une conception transmissive de l’apprentissage, centrée sur l’enseignant ou l’expert qui diffuse ses savoirs. C’est refuser à l’apprenant l’opportunité de mettre en pratique des techniques, de manipuler des concepts, de fabriquer quelque chose (une argumentation, une vidéo, un herbier…), bref, de s’approprier des savoirs par l’action tout en produisant une trace concrète de son apprentissage.

C’est également faire l’impasse sur la dimension sociale de l’apprentissage. Quel gâchis que de réunir plusieurs (dizaines de) milliers de personnes dans un MOOC sans tirer parti de cette richesse humaine en suscitant les interactions et en donnant à ces dernières une orientation pédagogique !

À quoi bon avoir inventé le Web 2.0 et sa myriade d’outils accessibles depuis n’importe quel ordinateur ou smartphone si c’est pour créer des formations digitales qui ressemblent à la télé de papa… ou pire 🙂

Par ailleurs, contrairement aux apparences, la création de quiz est une discipline ardue. En effet, ces derniers ne peuvent porter que sur des éléments objectifs, universels et univoques. La réponse à un quiz est toujours absolument vraie ou absolument fausse : pas de nuance ou de complexité possible, pas de prise en compte du contexte, ce qui limite leur champ d’application.

Chaque item nécessite également d’inventer au moins deux ou trois mauvaises réponses (leurres) plausibles. Sur une batterie d’une cinquantaine de questions ou plus, il faut parfois beaucoup d’imagination…

En raison de ces contraintes, les quiz se limitent en général à solliciter les capacités de mémorisation (ou plus exactement de reconnaissance de l’information juste). Ils portent la plupart du temps sur des points factuels : des chiffres, des dates, des noms… qui sont aussi souvent des détails, des éléments anecdotiques. Ce faisant, Ils délaissent les compétences cognitives de plus haut niveau et passent à côté des messages clés ou des concepts les plus importants présentés dans la formation.

Enfin, d’un point de vue purement technique, les principales plateformes de MOOC n’offrent que très peu de choix pour créer des exercices auto-correctifs : hors les QCM point de salut, quand d’autres LMS plus classiques (Moodle, Dokeos), ou des sites en ligne (Learning apps, Educaplay) permettent de créer des questions ouvertes courtes (QROC), des exercices d’appariement, d’ordonnancement, de placement sur une image ou une carte, des mots-croisés, etc.

Tout concourt à faire des quiz un gimmick, un gadget à faible valeur pédagogique dont le principal mérite est de rassurer l’apprenant et le commanditaire de la formation. L’un comme l’autre ont l’impression de mesurer les apprentissages grâce aux quiz, quand ces derniers jouent souvent un simple rôle de pointeuse numérique.

Quiz pédagogique ou pointeuse numérique ?
Regarde Michel, j’ai eu 11/20 à mon quiz ! – Source

Des quiz au service de la pédagogie

Pour autant, il n’est pas impossible de concevoir des quiz intelligents, qui aient une fonction formative au sein d’un MOOC. Une rédaction habile permet en effet d’évaluer d’autres compétences que la simple mémorisation – comme la capacité à comprendre, à appliquer, à analyser – tout en portant sur les notions essentielles du cours. Le diaporama ci-dessous présente quelques exemples de questions portant sur ces différentes compétences.

Les leurres d’une question à choix multiple (QCM) participent de l’accompagnement pédagogique  s’ils proposent des erreurs que les apprenants sont susceptibles de faire (confusion fréquente entre deux concepts, erreur linguistique récurrente, etc.)… et qu’ils sont associés à une rétroaction pédagogique expliquant à l’apprenant la raison de son erreur (mise en relief de la différence entre les concepts, rappel de la règle de grammaire, etc.)

Anna Vetter vous convaincra mieux que moi de l’importance de ces rétroactions pédagogiques grâce à cette courte animation :

Enfin, le meilleur service à rendre aux quiz reste sûrement de les intégrer à une palette d’activités plus large : qu’il s’agisse de questions posées avant le visionnage de vidéos pour orienter l’écoute ou de tâches ouvertes (création, débats, partage d’expérience…), varier les activités est le plus sûr moyen de multiplier les opportunités d’apprendre pour vos participants.

Et s’ils sont accros aux quiz, pourquoi ne pas leur proposer d’en créer eux-mêmes et de les soumettre aux autres participants ? Après tout, les outils ne manquent pas, et une première expérience sur le MOOC Versailles – où les participants devaient créer et partager des devinettes sur les familles royales – a rencontré un succès fulgurant (plus de 1800 messages dans le forum).

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