Les entrepreneures déploient leurs « Elles » !

Qui sont les participantes au MOOC Des Elles pour Financer son Entreprise ? Nous en avons rencontré deux, en région lyonnaise. De véritables entrepreneures, passionnées et déterminées !

Joanne : « La filière n’existait pas, alors j’ai décidé de la créer ! »

Joanne Boachon est la créatrice de Minéka. Il s’agit d’une association qui collecte des matériaux de construction inutilisés. Ces derniers sont ensuite revendus à des prix très avantageux aux particuliers et professionnels. Cela semble tellement évident ! Et pourtant, avant que Joanne ne décide de tout lâcher pour créer Minéka, tout ces matériaux neuf mais en surplus partaient à la poubelle… Rencontre avec une jeune femme pressée et déterminée.

Comment vous est venue l’idée de Minéka et comment vous êtes-vous lancée ?

A la base je suis architecte. J’ai toujours eu de fortes convictions écologiques et j’ai fait un Master orienté vers l’architecture environnementale. Puis j’ai commencé à travailler et là, j’ai ressenti une grande perte de sens. Cela a pourtant duré 6 ans.
En 2016 j’ai fait une formation qui s’appelle l’habilitation à la maîtrise d’œuvre, qui permet de signer ses plans et de s’inscrire à l’ordre des architectes. J’ai fait mon mémoire sur le réemploi de matériaux. J’ai fait pas mal de recherches et interviewé des précurseurs de cette démarche. J’ai donc identifié beaucoup de personnes intéressées par le réemploi de matériaux, que ce soient des particuliers ou des architectes qui voulaient construire. A l’époque c’était compliqué de se fournir avec ce genre de matériaux parce que la filière n’existait pas.
Et donc je me suis dit : comme j’ai envie de construire avec des matériaux de ce genre, et que la filière n’existe pas, je vais retourner le problème et créer un bout de filière ! D’où l’idée de créer Minéka. Je travaille sur le projet depuis septembre 2016.

Vous vous êtes inscrite au MOOC Des Elles pour financer son Entreprise. Qu’y avez-vous trouvé d’utile ? 

J’ai déjà fait 3 séquences. Ce que j’ai trouvé bien, c’est que même si je connaissais déjà beaucoup de choses, j’ai pu en apprendre de nouvelles. J’ai beaucoup beaucoup aimé les témoignages d’entrepreneuses, qui transmettent ce message :  « Allez les femmes, il faut y aller !  Quand vous cherchez des financements demandez toujours plus ! » Toute cette partie-là, j’ai beaucoup aimé.

Est-ce que vous comptez aller au bout du MOOC pour déposer votre dossier ?

J’aimerais bien ! Il faut juste que je trouve le temps avant le 5 janvier. Mais j’ai fait en une fois les trois premières séquences, et je préfère en faire plusieurs d’un coup plutôt que par petites touches. Après je n’ai pas encore fait les « devoirs », je me suis dit que je ferai tout en même temps.
Je vais essayer le concours, je vais travailler un peu pendant les vacances. Le dossier est plutôt bien fait, c’est intuitif.

Combien de temps vous donnez-vous pour trouver les fonds qu’il vous manque ?

Je touche l’aide de retour à l’emploi. Elle s’arrête en mai prochain donc il me reste encore six mois. C’est peu, donc Minéka est en pleine phase de recherche de financements ! on a déjà lancé des recherches de subventions, ce genre de choses. On va voir différentes fondations. J’espère pouvoir créer au moins deux postes d’ici mai.
Je suis à temps plein sur le projet, deux personnes sont à temps partiel et il y a une vingtaine de bénévoles qui apportent leurs compétences métier de manière ponctuelle. On a par exemple un bénévole avocat qui nous aide sur les statuts, les conventions, etc.

Bonne chance à Minéka ! Mais vous le savez, la chance ne vient pas si on ne va pas la chercher… La preuve : Minéka vient de recevoir le second prix du public du trophée My Positive Impactlancé par la Fondation pour la Nature et l’Homme et l’Union Nationale des CPIE. Bravo à eux !

Fanny : « Je travaillais mais mon projet prenait toute la place dans ma tête. Alors je me suis lancée »


Fanny Pons, a décidé de créer un service de livraison de repas faits maison dans les entreprises de l’Est lyonnais. Un service parfaitement en phase avec l’air du temps et répondant à de réels besoins.

Fanny, vous ne venez pas du domaine de la cuisine…

Non, pas du tout ! Au départ j’ai un BTS de commerce international, suivi d’une licence tourisme. J’ai d’abord travaillé dans une agence de voyage puis chez DHL.
Après 4 ans comme salariée, j’ai arrêté pour me consacrer à la création de mon entreprise. J’avais déjà mon projet en tête depuis 2, 3 ans.

Au départ je ne pensais pas forcément me lancer, c’était plutôt un rêve. Je pensais que j’étais trop jeune et qu’il fallait avoir beaucoup plus d’expérience pour créer sa société. Mais l’idée était toujours là… Du coup, mon travail chez DHL me plaisait moins, il me manquait cette créativité et cette motivation. Je suis quelqu’un de très dynamique, je bouge beaucoup, donc je commençais à m’ennuyer. Mon projet se précisait dans ma tête. Il a commencé à prendre une place trop importante, je ne me voyais pas faire autre chose.
J’en ai parlé à mes proches qui m’ont soutenue, poussée à le faire. Donc j’ai quitté mon travail pour me consacrer à ce projet. J’espère ouvrir d’ici quelques mois.

De quoi s’agit-il, exactement ?

Je souhaite monter un service de livraison de repas faits maison, dans les entreprises. Un service qui s’adresse aux salariés, pas à l’entreprise elle-même, ce n’est pas un service traiteur. Non, c’est juste pour que les salariés puissent manger correctement pendant leur pause-déjeuner.

La particularité c’est que la zone de livraison sera concentrée dans l’Est lyonnais.
Pourquoi là-bas ? Je travaillais à l’aéroport Saint Exupéry et je ne trouvais rien à mon goût pour déjeuner. L’offre de restauration est globalement faible dans la zone : choix limité, cher… Il n’y pas d’offre de restauration pour manger quelque chose de sain, de bon à un prix raisonnable. Je suis lancée pleinement sur ce projet depuis le mois d’avril.

Après avoir suivi le MOOC, j’ai gonflé mon plan de financement

Qu’est-ce qui vous a poussée à vous inscrire au MOOC Des Elles ? 

Je suis accompagnée par le CIDFF du Rhône (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) et c’est ma conseillère qui m’a donné le lien du MOOC. J’ai regardé et ça m’a plu. Je pense que c’est bien de rencontrer des gens, de se renseigner. Il y a des bonnes choses à prendre un peu partout.
Parler d’argent c’est important, parce que je pense que beaucoup de femmes ont un problème avec l’argent. Je l’ai vu dans les premières séquences du MOOC. Il y a toute une partie où Sandra Le Grand dit qu’on n’ose pas demander, qu’on demande trop petit, qu’on est pessimistes sur le business plan. C’est exactement ça, je me suis complètement reconnue ! Suite à ça j’ai gonflé mon plan de financement. Je n’osais pas voir grand. Je me disais « il vaut mieux voir petit et avoir des bonnes surprises », mais j’ai réalisé que ce n’était pas forcément le raisonnement du banquier. Le MOOC m’a permis de me poser les bonnes questions.

Dans le MOOC, qu’est-ce qui vous a été le plus utile ?
J’ai beaucoup aimé les vidéos de Sandra Le Grand, elle donne de bons conseils. J’ai aussi apprécié les témoignages des créatrices d’entreprises. C’est toujours intéressant d’avoir des retours de personnes qui ont créé leur société, qui ont réussi ou échoué, tout est bon à prendre.

J’ai lu les messages sur les forums : en voyant comme réagissaient les autres participantes, j’ai pu me situer. Mais je n’ai pas posté de messages. C’est compliqué de suivre tous les échanges, il y en a beaucoup. Et puis, je n’ose pas trop me lancer dans le débat.

Est-ce que vous comptez déposer votre dossier à la fin du MOOC ?

J’ai déjà terminé mon business plan et mon étude de marché. J’ai mis presque six mois à les faire, donc je ne suis pas repartie à zéro pour le MOOC.
Ça m’intéresserait de participer au concours, donc je vais regarder plus précisément ce qui est demandé et voir ce que je peux réutiliser.

Quand comptez-vous démarrer votre nouvelle activité ?

Idéalement j’aurais aimé commencer pour le premier trimestre 2018, mais je n’ai pas encore trouvé de local pour la préparation des repas. J’ai d’abord cherché un local nu à aménager mais ça demandait de gros investissements. J’essaie maintenant de trouver un lieu où il y a déjà une cuisine, pour réduire mes coûts. Je continue aussi la recherche de financement. J’attends une réponse de la RDI (Rhône Développement Initiative) pour obtenir un prêt d’honneur à taux zéro. Avec cela, il est plus facile d’obtenir un prêt avec la banque.

Joanne et Fanny sont retournées vers leurs multiples activités de créatrices d’entreprises. Comme elles, plus de 1200 femmes inscrites au MOOC Des Elles pour financer son entreprise aspirent à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Le MOOC initié par la Fondation Entreprendre avec le soutien d’AXA leur a fourni un espace d’échange, d’inspiration, de conseil.

Bonne chance à toutes pour la suite de l’aventure !

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