Facebook, nouvelle frontière des MOOC ?

Connue de tous, facile à utiliser, la plateforme Facebook pourrait-elle servir de support ou de vitrine à des MOOC ? Petit inventaire de ses avantages et inconvénients dans ce cadre d’utilisation…

Beaucoup de MOOC ont créé une page Facebook dédiée, pour se donner de la visibilité gratuitement. Mais on peut imaginer d’aller au-delà, c’est-à-dire d’utiliser Facebook comme une plateforme de MOOC à part entière. Et cela pour au moins 3 raisons :

  • atteindre des publics rétifs à l’éducation en ligne (Facebook a une image de fun et de convivialité),
  • se motiver en « s’affichant » auprès de ses amis et en espérant leur support,
  • mobiliser sa communauté autour d’un thème et solliciter ses contributions.

Bien évidemment, pour les organisateurs du MOOC, les conséquences attendues seraient une visibilité, une viralité et une participation accrues.

Où en est-on ? Quand on rapproche, dans Google, les termes « MOOC » et « Facebook », on voit remonter quelques initiatives. Celle d’Adrien Ferro est restée, sauf erreur, à l’état de projet : « FaceMOOC « (Bien) Vivre, apprendre, travailler à l’ère du numérique« . On trouve aussi le MOOC que Facebook envisageait de déployer pour le Rwanda.

Pour l’heure, il semble que la réalisation la plus aboutie soit le Co-Design FaceMooc de ImaginationLancaster (Lancaster Universities design research center). Il s’est déroulé fin 2014, à l’intérieur d’un groupe Facebook fermé, et l’un de ses objectifs était justement de mesurer l’intérêt de la plateforme Facebook en tant que base pour un Mooc. On peut trouver un bilan de cette expérience dans ce document téléchargeable (.pdf).

Le bilan plutôt positif du FaceMooc d’ImaginationLancaster

Parmi les conclusions à signaler en termes de participation :

  • l’approche « non linéaire », induite par la structure des contenus publiés, à déconcerté certains participants (notamment ceux qui ne se connectaient pas chaque jour). De plus, comme toujours sur Facebook, la publication de commentaires fait remonter l’information en haut du newsfeed, ce qui perturbe l’ordre initial. Autre facteur de confusion : la répartition de contenus entre Dropbox et Facebook (les participants ne sachant pas toujours où poster leur contribution),
  • pour éviter ces phénomènes de désorientation et de découragement, les auteurs du MOOC ont poussé les participants à participer « peu et souvent », et à considérer le MOOC comme une communauté de pratique et de dialogue (plutôt que comme un cours traditionnel),
  • les participants ont pris une part très active dans la production et l’agrégation de contenus intéressants,
  • pour certains participants, FaceMooc s’est révélé très captivant et impliquant au quotidien.
  • au terme du MOOC, le groupe Facebook s’est commué de façon naturelle en une communauté de pratique ouverte. (Et nous faisons un constat similaire, chez Mooc-et-cie, puisque les échanges se poursuivent sur Facebook, bien après la clôture du MOOC « “Afrique Innovation” initié par Rue89 pour le compte de CFI / Ministère des affaires étrangères.)

Parmi les conclusions concernant plutôt les outils :

  • certaines discussions thématiques se déroulaient sur une page dédiée Facebook Event (exemple de thème de discussion : « How do the principles relate to your experience in co-design ? »),
  • il manquait un outil permettant de récupérer et archiver facilement les conversations et les fichiers partagés dans les groupes Facebook,
  • les auteurs du MOOC regrettent aussi que Facebook ne soit pas bien adapté aux discussions en live, à plusieurs. Avec la refonte récente de Facebook Messenger, ce point de vue mériterait peut-être d’être modulé ?

A priori, de nombreux avantages…

En théorie, Facebook ne manque pas d’attraits pour remplacer, en totalité ou en partie, une plateforme de MOOC classique. Du point de vue des participants, on peut citer :

  • le caractère « non académique » ou « friendly », voire ludique, de la plateforme, bien adapté à certains publics et à certains thèmes (culture, sport, pratiques collectives…),
  • la dimension de valorisation des participants et d’incitation à la participation (dans leur propre communauté versus celle d’un MOOC peuplé d’inconnus),
  • la pénétration de Facebook dans la quasi-totalité des pays (notamment dans le monde arabe et les pays africains).

Parmi les avantages techniques, on peut citer :

  • la gratuité de la plateforme et sa dimension multicanal optimisée (facilité d’accès sur les PC, tablettes, mobiles),
  • le nombre des outils disponibles (questionnaires (poll), statistiques, format Articles, Facebook Messenger…),
  • la mise en avant des contenus vidéos faite par Facebook,
  • la possibilité de promouvoir le MOOC sur des cibles très identifiées (Facebook Ads…),
  • la possibilité de créer facilement des MOOC « light », pour un format mobile.

Des inconvénients et des limitations à prendre en compte

Si Facebook était parfait pour faire des MOOC ou pour en suivre, les réalisations seraient là pour le prouver… Il faut donc tenir compte de certains inconvénients et limitations. Sur le plan juridique d’abord, puisque les contenus publiés sont censés appartenir à Facebook. Mais ce problème n’en est pas forcément un (puisque, par définition, dans un MOOC, les contenus sont publics et donc susceptibles d’être récupérés).

Autre inconvénient : l’exploitation commerciale des données personnelles fait peur, et ne manque pas de poser quelques problèmes d’ordre éthique au milieu éducatif.

La publicité – qui en résulte – pourrait être gênante, pour certains publics ou certains sujets (un MOOC sur la diététique serait rapidement envahi par des messages publicitaires indésirables !). De même, les trolls pourraient fleurir et se répandre plus facilement que dans un MOOC classique – d’où la nécessité de faire appel à de véritables community managers pour animer un MOOC distribué sur un réseau social !.

On peut enfin imaginer qu’un MOOC donne une forte visibilité à ses contenus sur Facebook, mais conserve certaines activités ou contenus à valeur ajoutée sur une plateforme plus traditionnelle. Bref, tout est à inventer !

Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter en laissant un commentaire sous cet article ou en nous écrivant : contact@pimenko.com.

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